Songe d'une nuit d'hiver
Une solution au conflit israélo-palestinien ?
J'ai fait un rêve...
Par cette nuit glacée du 31 décembre 2008, j'ai rêvé que ce qui est n'a pas été.
J'ai rêvé qu'on n’avait pas commis une lourde erreur en 1922 : j'ai rêvé que la Grande Bretagne, mandataire de la Palestine, n'avait pas amputé ce territoire aux ¾ pour en faire un émirat factice, la Transjordanie.
L'Etat d'Israël a moins de superficie maintenant qu'au moment du partage de 1947
J'ai rêvé que la puissance coloniale britannique ne transformait pas cette entité factice en un Etat souverain, en 1946, pour remercier Abdallah de ses services.
J'ai rêvé, donc, que la totalité du territoire de la Palestine mandataire était partagée d'une manière égale et harmonieuse entre deux Etats, l'un juif, l'autre arabe. Soit 116 000 Km2 à répartir équitablement entre deux peuples et non les 26 000km2 restants - superficie dérisoire.
Dans mon rêve, les deux Etats prospéraient, entretenaient de bonnes relations et constituaient le fleuron et la fierté du Moyen-Orient.
Les Palestiniens avisés, préférant la vie et le bonheur, avaient refusé d'écouter les mauvais conseils des ennemis de la paix. Ils ne s'étaient pas laissé manipuler et tromper par ceux qui leur enjoignaient de quitter leur terre en leur promettant le retour « quand les Juifs auraient été jetés à la mer ».
Le réveil a été douloureux, laissant place à une réalité sanglante.
Car depuis 60 ans, en raison de cette monstruosité historique créée de toutes pièces par l'O.N.U, deux peuples se déchirent sur un territoire exigu d'une superficie équivalant à quatre départements français.
Le découpage délirant des « frontières » rend invivable la cohabitation entre deux Etats imbriqués l'un dans l'autre.
Cette cohabitation est d'autant plus invivable que le monde arabe, si fidèle à la notion sacrée de dhimmitude, refuse à Israël le droit d'exister en tant qu'Etat.
Soixante ans de guerre, d'appel à la destruction de l'Etat hébreu qui a pourtant sa légitimité.
Soixante ans d'injures proférées à son encontre de la part d'êtres qui, consciemment ou non, se sentent coupables de l'attitude de leur pays pendant la Shoah.
Soixante ans de gémonies de la part de ceux qui vivent encore dans la honte du comportement colonisateur de leurs dirigeants.
Soixante ans d'appel à la haine émanant d'êtres rêvant de faire porter le chapeau au bouc émissaire idéal par excellence : le peuple juif, « élu par la haine universelle », comme le rappelait avec humour Léo Pinsker.
Israël et les pays arabes
Quoi que fasse ou qu'ait fait l'Etat d'Israël, aux yeux du monde, il a tort :
-qu'il ait accepté de renoncer aux 3/4 du territoire de la Palestine mandataire,
-qu'il ait conclu un traité de paix avec l'Egypte et se soit retiré du Sinaï transformé en oasis par ses soins,
-qu'il ait signé les accords d'Oslo,
-que ses dirigeants soient allés rechercher Arafat, réfugié en Tunisie et politiquement mort, afin de rétablir un dialogue,
-qu'il se soit retiré du Liban où il a été contraint d'entrer en 1982 parce que les villes israéliennes du nord étaient perpétuellement bombardées, -qu'il se soit retiré de la bande de Gaza en 2005,
Israël est toujours l'objet de la mauvaise foi, l'alibi de la mauvaise conscience.
Que les maternités, les hôpitaux des villes israéliennes proches de Gaza soient bombardées en permanence depuis tant d'années par les islamistes appelant à la destruction du pays, que ses enfants vivent sous la terreur et la menace n'a jamais gêné personne.
Etrange indifférence.
Gaza est devenue une zone de non-droit, une poudrière : les champs fertiles laissés par les cultivateurs israéliens aux Palestiniens sont devenus immédiatement des camps d'entraînement militaire.
Quarante tunnels ont été creusés pour amener des armes par le biais de l'Egypte, preuve qu'un blocus peut être facilement détourné puisqu'il existe des moyens de communication souterrains !!
Aucune paix n'est possible dans ces conditions.
Alors rêvons maintenant éveillé et gageons qu'il y a une solution avec ceux qui veulent vraiment la paix.
La Jordanie – ex-territoire palestinien, rappelons-le encore – comprend 60% de Palestiniens sur une superficie qui correspond aux ¾ de la Palestine mandataire. Les territoires israélien et palestinien officiels d'aujourd'hui correspondent au quart restant!
La bande de Gaza appartenait à l'Egypte. Transformons ce couloir militarisé et miné d'explosifs en une zone neutre.
Que la Jordanie accepte de renégocier ce qu'on lui a octroyé à tort et qu'elle se rebaptise « confédération jordano-palestinienne » avec des frères arabes chrétiens et musulmans modérés.
Que les Arabes israéliens qui veulent rester en Israël parce qu'ils y vivent bien restent sur le territoire. Golda Meir avait supplié leurs ancêtres d'y rester.
Que ceux qui veulent un Etat arabe rejoignent leurs frères de Palestine dite « jordanienne »et qu'ils commercent et vivent en paix avec leurs voisins israéliens.
C'est la seule solution dans ce cauchemar fabriqué de toute pièce par un découpage absurde d'un territoire sur lequel vivaient Juifs et Arabes sous l'oppression britannique.
J'entends déjà des cris d'orfraie poussés par les âmes bien-pensantes, horrifiées par la notion de transfert de population.
Pourtant, des transferts ont bien eu lieu dans l'Histoire.
Il se sont faits pour les Juifs se retirant de Yamit, oasis dans le Sinaï, pour ceux qui ont dû quitter Gaza, pour les Juifs chassés des pays d'Afrique du nord.
L'O.N.U, en créant le Pakistan en 1947 « a détaché 800 000 Km2 de l'Inde pour en faire un Etat musulman, provoquant le déplacement de 6 millions de musulmans vers le Penjab occidental et celui de 4 millions d'hindouistes vers l'Inde » (1)
« Au plan légal, notent Fabien Ghez et Liliane Messika, l'Histoire montre que les Etats ont été faits ou défaits, les populations déplacées ou échangées, et que le droit s'est conformé à ces bouleversements », et les auteurs de citer les cas de l'Italie, de l'Allemagne, du Canada, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande... (idem p.37).
Il suffirait d'indemniser les gens déplacés.
On notera qu'avec cette solution Israël aura encore cédé les ¾ de ladite Palestine mais ce qui importe pour les Israéliens c'est de vivre en paix et en sécurité.
Je fais ce rêve de paix où tout le monde a à y gagner : je veux parler de ceux qui sont prêts à voir les peuples israélien et palestinien exister véritablement et non de ceux qui se servent de cette situation inextricable et de la souffrance de deux peuples pour assouvir leur haine des Juifs et exorciser leur culpabilité et leur mauvaise conscience.
De la même manière qu'on n'aurait pu demander aux Français et aux Allemands de vivre ensemble sur le même territoire au lendemain de la guerre, de la même manière, on ne peut demander à l'heure actuelle aux Israéliens et aux Palestiniens de vivre sur le même territoire.
La charia adoptée par le Hamas (Lire «Droits de l'homme à Gaza») et la loi israélienne sont incompatibles. Une distance géographique et psychologique est nécessaire.
Avec le temps viendra l'apaisement, et j'en suis persuadée, une acceptation réciproque : la région deviendra florissante.
Puisse ce souhait raisonnable être entendu en ce début d'année 2009.
Annick Azerhad © Primo, 1er janvier 2009.
1 - Fabien Ghez, Liliane Messika, La Paix impossible ? - L'Archipel, 2006, p.38