CONFERENCE DE PRESSE DU CRIF
3 juillet 2008 - Par Sabine Roitman | israelvalley
Le CRIF a donné ce mercredi une conférence de presse sur l’Affaire Al Doura. Son président Richard Prasquier a voulu être aussi factuel que possible : « Je ne suis ni pour les uns, ni pour les autres. Je ne suis pas non plus contre France 2.
La recherche du CRIF est celle de la vérité pleine et entière, car les conséquences de ce reportage ont été considérables : l’image de l’Israélien « tueur d’enfant palestinien » a fait le tour du monde, a importé le conflit en France et a directement entraîné les violences faites à la communauté juive entre 2000 et 2002. Pour la première fois depuis la deuxième guerre mondiale, les cris de « mort aux juifs » ont été entendus en octobre 2000 à Paris, pendant une manifestation où l’on portait un petit cercueil symbolisant la mort du jeune Mohamed.
Le journaliste Daniel Pearl a été pendu sous le portrait de Mohamed Al Doura, et des Israéliens ont été lynchés par des Palestiniens en colère ».
Un journaliste d’origine israélienne, Gil Mihaely, a présenté les faits réellement connus à l’heure actuelle. Il a montré le reportage de France 2 au carrefour Netsarim le 30 septembre 2000, puis s’adressant aux journalistes présents leur a dit : ” Ecoutez le commentaire du journaliste Charles Enderlin et posez-vous ces trois questions :
Voit-on effectivement l’agonie ou la mort du petit Mohamed ?
Peut-on dire d’une manière certaine d’où viennent les tirs ?
Voit-on sur les images que le père et son fils sont touchés ? “
Il a bien fallu admettre qu’aucune trace de sang n’est visible, ni sur le mur, ni sur le sol, ni sur les corps. Sur le mur, on ne relève que 7 impacts de balles, alors que le cameraman palestinien avait parlé de 45 minutes de tir. Or les armes israéliennes tirent 600 à 800 coups par minute...
Par ailleurs les impacts des 7 balles sur le mur sont ronds - ce qui veut dire qu’elles sont venues de face, explique l’expert en balistique auprès des tribunaux français Jean-Claude Schlinger. Or les Israéliens avaient un angle de tir de 35° qui aurait dû provoquer un impact ovale.
De plus, les rushes non diffusés à la télévision et où, selon Charles Enderlin, l’enfant est déjà mort, montrent son bras qui bouge. Les réponses à divers interrogatoires du cameraman Talal Abou Rahma, de Charles Enderlin et du père de Mohamed, ont varié au fil des 8 années qui viennent de s’écouler, et ne font que consolider la thèse d’une éventuelle mise en scène - en tout cas de l’impossibilité que les tirs soient venus du côté israélien.
Enfin, un autre reportage de France 2 a achevé d’ébranler la salle : diffusé le lendemain de la fusillade de Netsarim, ce reportage prouve clairement, grâce aux rushes qui le précèdent, que la fusillade qui y est montrée est effectivement une véritable mise en scène.
Interrogé sur cette fausse fusillade, Charles Enderlin s’était défendu nous dit-on, en arguant que ces images donnaient « la vérité du contexte ». ” Cette notion de « vérité du contexte » ne saurait être acceptée”, martèle le président Richard Prasquier.
Pourrait-elle l’être par France 2 ? La question sur l’insuffisance de déontologie des média français a été également largement évoquée. “C’est la crédibilité des journalistes français qui est en jeu » déclarait à l’issue de la conférence une journaliste de la presse étrangère.
Le président du CRIF a conclu en indiquant qu’il avait adressé à l’Elysée une lettre demandant la nomination d’une commission d’enquête ayant pour mission d’établir enfin la vérité sur ce qui s’est réellement passé en 2000 au carrefour Netsarim. Cette commission devrait avoir à sa tête une personnalité indiscutable qui pourrait s’entourer d’experts en tout genre. L’Elysée n’a pas encore donné sa réponse.