S'UNIR POUR EXCLURE SAUDI ARABIAN AIRLINES

Publié le par shlomo


par Daniel Pipes
New York Sun
21 août 2007

Version originale anglaise: Uniting to Exclude Saudi Arabian Airlines

Adaptation française: Alain Jean-Mairet

Sur son site web en langue anglaise, la compagnie Saudi Arabian Airlines (Saudia) déclare que le royaume saoudien interdit les «bibles, crucifix, statues, gravures et autres objets portant des symboles religieux tels que l'étoile de David». Je propose de suspendre le droit de cette compagnie à utiliser les aéroports occidentaux aussi longtemps que le gouvernement saoudien maintiendra cette politique détestable.

Michael Freund attire l'attention sur cette réglementation dans un récent article du Jerusalem Post, «Les Saoudiens pourraient confisquer les bibles des touristes», soulignant que le volet du site web de Saudia consacré aux «réglementations douanières» énumère les articles interdits dans une rubrique intitulée «Objets et articles appartenant à d'autres religions que l'Islam».

Voyant cela, Freund a pris contact avec le bureau new-yorkais de Saudia, où «Gladys» lui confirma que cette règle était bel et bien appliquée. «Oui Monsieur, c'est ce que nous avons appris, qu'il est problématique d'introduire ces objets en Arabie Saoudite, et donc que vous ne pouvez pas le faire.» Un officiel du consulat d'Arabie Saoudite à New York précisa encore les choses. «Vous n'êtes pas autorisé à emporter ces choses-là dans le royaume. Si vous le faites, ils vous les confisqueront. Si c'est vraiment important pour vous, vous pouvez essayer de les prendre avec vous et voir ce qui se passera, mais je ne vous le conseille pas.»

En réaction à l'interdiction saoudienne des églises, des bibles et des étoiles de David, certains voudraient interdire les mosquées, les corans et les croissants de lune en Occident, mais cette mesure est de toute évidente indéfendable et inapplicable en regard des libertés d'expression et de culte. Le Coran, par exemple, n'est pas un produit saoudien et ne peut pas servir d'otage face à la politique saoudienne. Peu importe à quel point le gouvernement saoudien veut s'identifier à l'Islam: cela ne lui donne pas de droit de propriété sur cette religion.

En outre, comme le relève Stephen Schwartz, du Center for Islamic Pluralism, les aéroports saoudiens comportent des panneaux indiquant aux voyageurs que la mutawwa'in (police religieuse) de l'aéroport confisque les corans, les autres textes islamiques et les objets musulmans d'origine non saoudienne. Cette politique dirigée particulièrement contre les Chiites et les Ahmadis traduit une tendance plus large au suprématisme wahhabite. D'une manière plus générale, les dirigeants saoudiens sont à la tête d'un pays que le gouvernement américain a condamné à de multiples reprises pour son «absence de liberté religieuse» et pour compter parmi les plus répressifs du monde en matière de religion.

 

Saudia est probablement la seule compagnie aérienne civile dont le logo comporte des sabres.

   
Saudia, la compagnie aérienne nationalisée qui constitue un portail sur le monde pour l'Arabie Saoudite, offre un moyen de pression susceptible de faire évoluer la situation. Pour tirer parti de cette vulnérabilité, les gouvernements occidentaux pourraient exiger que le gouvernement saoudien permette la présence de «ces choses-là» sous peine de voir Saudia exclue des 18 aéroports qu'elle dessert actuellement en Europe, en Amérique du Nord et au Japon. Si ces destinations lui étaient interdites, Riyad se trouverait face à des choix fort désagréables:
  • Ignorer cette action. Autoriser les compagnies aériennes occidentales à desservir l'Arabie Saoudite sans réciprocité constituerait probablement une humiliation insupportable pour la monarchie.

  • Répliquer par l'interdiction des compagnies occidentales. Supprimer la desserte des lignes occidentales isolerait sans doute trop les Saoudiens des principaux marchés et des grandes destinations.

  • Autoriser les objets religieux non wahhabites. Cela ne laisserait pas d'autre choix aux Saoudiens que d'accepter l'importation des «bibles, crucifix, statues, gravures et autres objets portant des symboles religieux tels que l'étoile de David». En outre, une fois ces objets autorisés, d'autres libéralisations pourraient suivre – par exemple la présence de bâtiments et de cultes religieux non islamiques en Arabie Saoudite pour les millions de résidents non musulmans du pays. Et les Musulmans qui rejettent l'interprétation wahhabite de l'Islam bénéficieraient également de cet assouplissement.

Une telle action concertée signalerait également aux despotes de Ryiad que les Occidentaux ont enfin cessé d'accepter servilement leurs décisions. Qui sera le premier à agir? Quel gouvernement national ou municipal se libérera le premier de sa posture coutumière de dhimmi et exclura Saudia (slogan: «We aim to please you» – Nous aspirons à vous satisfaire) de ses pistes, obligeant ainsi le royaume saoudien à autoriser la présence d'objets religieux non islamiques, tant monothéistes que polythéistes, sur son territoire? Où êtes-vous Athènes, Francfort, Genève, Houston, Londres, Madrid, Málaga, Manchester, Milan, Munich, New York, Nice, Paris, Prague, Rome, Vienne, Washington?

Si aucun gouvernement ne veut bouger, pourquoi pas une délégation composée de Chrétiens, de Juifs, d'Hindous, de Bouddhistes et de membres d'autres religions embarquant de manière très médiatisée dans un vol de Saudia en arborant ostensiblement leurs objets religieux, mettant la compagnie aérienne au défi de les leur confisquer? Ou quel cabinet d'avocats dans l'un de ces onze pays déposera des actions en justice au nom des droits de l'homme contre Saudia en sa qualité d'organe du gouvernement saoudien?

Cette affaire fournit une occasion de réunir la gauche et la droite contre l'Islam radical. Qui prendra le flambeau dans cette confrontation avec la discrimination, l'arrogance et la répression saoudiennes?

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Publié dans MONDE ARABO-MUSULMAN

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