LES SCENARIOS POUR GAZA

Publié le par shlomo

 


Comment arrêter l'engrenage de la guerre ?



Dr. Eli Carmon, spécialiste du terrorisme islamique :

” Une opération israélienne dans la bande de Gaza est inévitable…”

sep05

Par Mati Ben-Avraham

Le Dr Eli Carmon est chercheur émérite à l’Institut International de recherches sur le terrorisme. Il enseigne, par ailleurs au Collège universitaire interdisciplinaires de Hertzlia.

Mati Ben-Avraham : Hier, les habitants de Sdérot ont passé des moments particulièrement traumatisants. Les parents ont décidé de ne plus envoyer leurs enfants à l’école. La politique de retenue imposée par le premier ministre suscite de plus en plus des réactions hostiles. Si les tirs de Kassam se poursuivent de la sorte, Israël devra intervenir massivement dans la bande de Gaza, non?

Eli Carmon : Personnellement, j’ai toujours estimé que nous ne pourrons pas faire l’économie d’une telle opération. Le moment de l’opération dépendra d’un tir de roquette sur une maison, ou une école, faisant de nombreuses victimes, ou encore un attentat-suicide. La question est de savoir quel type d’opération sera retenu. Plusieurs scénarios sont possibles. L’invasion de l’ensemble de la bande de Gaza est possible, mais il est évident qu’elle pose davantage de problèmes qu’elle n’en résout. Une possibilité est d’occuper l’axe Philadelphia afin de neutraliser la contrebande d’armes. Et des gens aussi, car ce n’est pas seulement des armes qui transitent par les tunnels, mais aussi des spécialistes en explosifs du Hezbollah, des officiers iraniens qui viennent entraîner les troupes du Hamas. Autre possibilité : occuper la partie nord de la bande de Gaza, pour assécher les tirs de roquettes.

Mati Ben-Avraham : Dans la bande de Gaza, les affrontements entre Hamas et Fatah ont repris, alors qu’il était entendu que le Hamas contrôlait parfaitement la situation. Qu’en dites-vous?

Eli Carmon : C’est vrai que le Hamas a remporté une victoire facile, mais je n’ai jamais cru que le Fatah était totalement neutralisé. Ce mouvement compte quand même des dizaines de milliers de policiers, de militants et bénéficie de l’appui d’une partie de la population. Le problème, c’est que au début le Hamas a fait régner la terreur, assassinant des dirigeants du Fatah, justement pour mieux contrôler la situation. Il est possible qu’avec le temps qui passe, avec des consignes venues de la Cisjordanie et sachant que le Hamas est isolé sur le plan international ainsi que dans le monde arabe, sans omettre la pression exercée par Israël, il est possible donc que les dirigeants du Fatah sur place ont décidé d’agir. D’autant plus qu’ils sont conscients que si le Hamas se maintient au pouvoir, c’est l’impasse assurée quant à toute avancée politique.

MBA : Cependant, le Hamas continue à se renforcer au plan militaire. Des tonnes d’armes, de munitions, d’explosifs, transitent pas les tunnels creusés sous la frontière palestino-égyptienne tandis que, côté Fatah, c’est plutôt la misère. Donc, le rapport des forces demeure nettement favorable au Hamas.

Eli Carmon : Sur ce point, effectivement, rien n’a changé. Au temps où l’Autorité palestinienne était présente, la contrebande d’armes ne profitait qu’au Hamas. En ce sens, peut-on dire, la situation a même empirée. Mais je crois que le Fatah prépare surtout des forces en dehors de la bande de Gaza. Il est question, par exemple, d’amener en Cisjordanie et en partie dans la bande de Gaza, la brigade Badr stationnée en Jordanie, qui est entraînée d’ailleurs avec des éléments de la Garde présidentielle par les Egyptiens. Avec le soutien des Américains. Ce n’est pas nouveau, mais là il semble que les Américains s’impliquent davantage dans le renforcement du Fatah. Le problème, à mon avis, est la position de l’Egypte quant à la contrebande d’armes qui part de son territoire. Alors c’est vrai : il est impossible d’arrêter totalement la contrebande, mais il est possible de minimiser les dégâts. Malheureusement, je ne vois pas le régime égyptien s’employer à mener la vie dure aux contrebandiers.

MBA : Dernière question : Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas se parlent, établissent des plans; en novembre, une conférence international tentera d’aplanir les obstacles pour amener Israéliens et Palestiniens à un accord de paix; et tout cela en ignorant superbement le Hamas et le Jihad, ainsi que l’Iran et, par ricochet, la Syrie. Ce n’est pas pratiquer le politique de l’autruche?

Eli Carmon : Je suis de ceux qui pensent qu’il n’y a pas de solution avec un Abû Mazen à la tête de l’Autorité palestinienne. C’est un homme faible et qui l’a prouvé récemment avec, disons, le coup d’Etat du Hamas. Mais, il se peut qu’un accord de principe vienne renforcer la tendance modérée au sein des palestiniens, provoquer un renversement de tendance dans la bande de Gaza. Si cela devait se produire, il n’est pas impossible qu’une coalition des forces modérées, et du Fatah et du Hamas, voit le jour. Ce qui donnerait au processus de paix une chance d’avancer. Je vois donc cette conférence de novembre comme un catalyseur, à même de modifier l’esprit des gens et surtout de ceux qui sont actifs sur la scène palestinienne et amener un changement en défaveur du Hamas et des radicaux. -

Publié dans TERRORISME

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