TERRORISME

Publié le par shlomo

Allocution de Richard Rossin, co-fondateur de "Médecins du Monde", lors du rassemblement contre le terrorisme, le 11 Septembre, à Paris, organisé par le MPCT.

Que peut-on donc dire encore du terrorisme qui n’ait déjà été dit ?

Tout l’a déjà probablement été et pourtant rien ne change.

L’année dernière, comme d’autres, j’avais mis en garde contre le danger des mots et sur la nécessité de s’attacher aux définitions. Le sentiment qui domine aujourd’hui est celui de hurler dans le vide comme si l’humanité entière avait eu les tympans détruits par les déflagrations des bombes parmi les passants anonymes.


Quelques secondes après un attentat suicide

Les victimes seules sont anonymes… les assassins sont, eux, identifiés par les causes qu’ils salissent du sang des autres !

Parmi les attentats qui ont ensanglanté l’humanité, celui qui fit disparaître Nava Appelbaum m’a particulièrement frappé et je remercie les éditions de Passy d’avoir permis la publication du roman que cette histoire - qui me torture - m’a inspiré (lire).

Nava allait se marier lorsque qu’elle fut déchiquetée par une bombe humaine. Pas un kamikaze qui se serait jeté contre un porte-avion militaire dans un conflit opposant des armées, non, une bombe humaine, un homme qui s’est déshumanisé lui-même en engin de destruction.

En assassinant Nava, il venait de commettre le meurtre d’un futur possible, d’une histoire humaine avec ses générations. Il n’a pas assassiné que ce futur là, il a fait aussi disparaître des vies qui ne s’opposaient pas à la prétendue cause de son combat : la vie du père de Nava, un médecin réputé pour son dévouement auprès de ses patients fussent-ils d’ailleurs des terroristes, celles de certains des frères du terroriste, qui étaient là par hasard, celles d’enfants…

Un terroriste est aveugle et aveugle est le monde qui cherche à expliquer.

L’explication vaut compréhension, la compréhension vaut tolérance.

Le monde est sourd et le monde est aveugle. Plutôt que d’affronter des réalités, il s’appesantit sur la souffrance des assassins plus que sur celle des victimes et sur la sécurité des passants ; le monde, même s’il condamne, finalement s’intéresse plus à ceux qui détruisent qu’à ceux qui construisent des vies. On débat du droit des assassins en oubliant les victimes et que deviennent nos indignations ?

Nos indignations qui relaient les cris des victimes ne doivent pas évoquer la multiplicité des usages possibles des violons dont on n’entend plus la musique…

L’inaction des responsables montre que nos indignations ne sont rien si nous ne proposons rien.

Alors, d’abord luttons contre la confusion des mots : un terroriste n’est pas un résistant, un résistant s’il est un rebelle n’assassine pas des passants qui n’ont pour seul tort que celui de passer là où le terroriste sème la mort ! Un résistant sème de l’espoir contre des autorités liberticides ou assassines et leurs représentants en épargnant les vies innocentes.

Un terroriste est un lâche qui vise au plus facile et s’il engage sa vie en bombe humaine c’est pour un bénéfice supposé qu’il n’offre sûrement pas à ces victimes. Pas de paradis pour les victimes !! Ses commanditaires sont plus encore que lui des ennemis du genre humain.

Déclarons le terrorisme « crime contre l’humanité », crime imprescriptible dont les responsables et les commanditaires, fussent-ils des responsables d’Etats, doivent être universellement et éternellement poursuivis. Si le terrorisme est une arme de guerre alors la guerre est totale qui vise des civils.

Exigeons que le Tribunal Pénal International soit compétent dans la poursuite des criminels auteurs ou promoteurs d’actes de terrorisme et que cette compétence s’impose aux Etats qui accordent ou assurent protection aux terroristes. Il n’y a pas de cause qui justifie le massacre volontaire du passant anonyme !! Le massacre volontaire du civil salit toute cause et la rend définitivement injustifiable.

Demandons des comptes à tous ceux qui trouvent toujours, dans leurs salons d’intellectuels sophistes ou dans leurs « rédactions » de journalistes des explications aux actes les plus abjects.

Ne deviennent-ils pas des alliés objectifs (comme on dit) des assassins, ne sont-ils pas les complices confortablement installés d’appels au meurtre ? La cause de l’humanité ne vaut-elle pas qu’on interpelle ceux-là qui ne courent aucun risque et couvrent des crimes de leur autorité qu’ils prétendent morale en laissant aux comptes aléatoires de l’Histoire les passants assassinés?

Exigeons que les communautés nationales et internationales apportent un vrai soutien aux victimes d’attentats ; ce soutien est un devoir éthique bien sûr mais, au delà, plus cyniquement, nous savons que lorsqu’un soutien devient une vraie charge, alors les Etats prennent enfin en main le problème…

Que nos indignations soient enfin vues et entendues.

Richard Rossin

 

 
 
Auteur : Richard Rossin
Date d'enregistrement : 19-09-2007

Publié dans TERRORISME

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