SOUVENONS-NOUS D'HIER POUR PENSER DEMAIN

Publié le par shlomo


Primo continue à vous faire part des discours prononcés lors du rassemblement contre le Terrorisme organisé par MPCT le 11 septembre 2007.

« Ceux qui sont prêts à abandonner une liberté essentielle pour une petite sécurité provisoire, ne méritent ni la sécurité ni la liberté » (Benjamin Franklin)

Notre époque est caractérisée par une totale médiatisation et, comme l’avait pressenti Bergson, par un langage qui se veut intégral, absolu, immédiat.

Mais à travers ce langage, c’est une continuelle falsification de la réalité que nous vivons aujourd'hui.

Une falsification par déviation sémantique où le terroriste devient « activiste » voire résistant, où les voyous qui terrorisent les banlieues « les jeunes » ad aeternam, où certaines victimes de l’attentat de la rue Copernic sont qualifiées de “Français innocents”, où l’assassinat de masse à l’explosif dans un autobus scolaire est expliqué comme « acte de révolte ou de résistance face à un terrorisme d’Etat »...

La falsification sémantique remonte parfois d’un cran pour toucher l’événement lui-même: c’est ainsi qu’on continue, dans notre pays, de croire à un “génocide” à Djénine quand le bilan officiel (côté palestinien) fait état de 53 morts palestiniens et de 23 israéliens...

Comme les Twin Towers new-yorkaises que certains de nos compatriotes considèrent comme une manipulation de l’image et de l’esprit.

A l’inverse, certains événements, voire certains génocides sont eux falsifiés dans l’autre sens, niés par une autocensure dont la raison idéologique doit être questionnée: le génocide du Darfour, par exemple, est-il tu parce que des Arabes musulmans exterminent des musulmans noirs, comme les massacres dans l’ensemble du Soudan avaient été passés sous silence.

Ce silence provient-il du fait qu’il s’agissait d’un choix entre “la conversion ou la mort” imposé par des musulmans à des chrétiens?

Que dire aussi du fait qu’on ne dit rien, justement, sur la condition des Coptes chrétiens en Egypte, boucs émissaires qui ont remplacé les juifs survivants des pogroms, expulsés en 1948 et 1956? Et de cette autre falsification qui consiste à “oublier” que les roitelets africains et arabes ont activement participé au commerce triangulaire?

Et quid du silence de la Croix-Rouge, d’Amnesty International et autres ONG compétentes en matière de prisonniers de guerre et d’otages, devant le black out total qui entoure la vie ou la mort des prisonniers de guerre israéliens?

Immobile pour ne pas reculer

En Occident, la démocratie s’est élaborée lentement, sur des principes fondateurs qu’elle ne peut négocier à moins de se perdre. Ces principes protègent la liberté individuelle de croyance, de parole et d’action. Les idéologies montantes propagandistes et fascisantes y trouvent un terrain propice à l’intrusion et à la lente prise de pouvoir par la terreur et l’intimidation.

C’est souvent au cœur des démocraties que se développe l’islamisme. Le terrorisme contre une dictature est réprimé dans la terreur. Le terrorisme au sein de la démocratie se voit justifié et on lui attribue même des droits au nom de l’égalité de tous devant la Loi.

Nombre d’Etats occidentaux camouflent leur fragilité devant ces agressions terroristes par de frileuses réponses. C’est au nom du respect des coutumes et traditions religieuses que la maman en burqa est accompagnatrice dans le bus du voyage scolaire de l’Education Nationale laïque.

Ces réponses abandonnent les populations civiles les plus démunies à la pression de la terreur ou pire, à l’adhésion à son idéologie de toute puissance

Les nations occidentales sacrifient leurs principes fondamentaux au nom d’une douteuse realpolitik. L’écart se creuse entre les valeurs et les intérêts. Le citoyen lambda ne se bat plus pour avancer. Il campe sur ses positions pour ne pas reculer.

En démocratie, la liberté d’expression n’est pas une simple question d’élégance ou de confort. Elle est l’incontournable moyen de survie. Cette liberté permet de dire aux uns ce qui déplait aux autres dans une totale acceptation mutuelle. Le dialogue démocratique tient avant tout au débat d’idées, d’arguments ; il n’est ni la guerre ni la violence.

Dans ce climat suspicieux, la liberté d’expression relève du combat permanent. Un combat plein de risques : c’est au nom de la sécurité collective que l’individu est autorisé ou non à s’exprimer librement. La libre expression se fait enjeu.

« Quand une société se corrompt, c’est le langage qui se gangrène le premier. La critique de la société commence par le rétablissement du sens » écrivait le Prix Nobel Octavio Paz.

Dans nos sociétés tétanisées par la terreur, le langage se fait peu à peu réticence à définir l’acte lui-même en dehors de toute prise en compte du contexte social, historique ou politique

Qui est coupable et de quoi ?” devient un détournement de sens opéré grâce à la magie d’un “à qui profite le crime?

Les passagers des avions détournés le 11 septembre, les personnels du World Trade Center sont rapidement devenues les victimes expiatoires justifiées par certains commentateurs, de l’hégémonie américaine.

Le même cynisme a conduit France 2 à laisser entendre, il y a peu, que le détournement de l’avion d’Entebbe et non la libération des otages, était l’œuvre du Mossad. Rassurons-nous : “laisser entendre” n’est pas “affirmer”. Car si tout s’explique et tout se vend, l’essentiel est de se mettre à l’abri des attaques en justice.

La crainte des atteintes terroristes conduit à justifier la violence des bombes humaines au nom de la morale (“peut-on leur reprocher le courage de se donner la mort par exaspération?”)

Dans la peur, l’Occident renie ses valeurs propres. Nous sommes loin de la philosophie des lumières qui coûtait la prison à ses défenseurs !

Que sont Beaumarchais, Voltaire et Hugo devenus ??? Nous sommes passés de la politique pro-arabe à une politique pro djihad par négation de soi.

Les “élèves sous influence” qu’identifiait Barbara Lefèvre sont sacrifiés sur l’autel du réalisme politique.

L’histoire est réécrite et les manuels remis aux enfants à l’Education nationale falsifiés: le visage de Mahomet est “flouté” dans un livre d’histoire pour classes de 5ème car l’islam interdit les représentations du prophète. Mais on laisse les illustrations du chapitre sur les Hébreux car, si leur religion énonce le même interdit, ses adeptes ne suscitent aucune crainte auprès des autorités...

On hypothèque l’avenir après avoir liquidé le présent.

Avec la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen, l’avenir de l’humanité s’était, pensait-on, donné des moyens d’épanouissement pacifique avec un “Idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations à mettre en œuvre par l’enseignement et l’éducation, par des mesures d’ordre national et international”.

En adhérant à l’ONU tout Etat membre est censé se rallier à cet idéal commun proclamé dans la Charte. Il y a loin de la coupe aux lèvres: c’est, une fois n’est pas coutume, un journaliste du Monde, Jean-Claude Buhrer, qui décrit “Les signataires de ces engagements, sont ceux là mêmes qui les violent à l’abri du paravent de la souveraineté nationale ; selon les orateurs les mots n’ont pas la même signification, ni la même résonance”.

De fait, Mary Robinson, Haut Commissaire, s’était rendue en 2001 à Téhéran encapuchonnée à la mode locale et elle avait validé par sa présence les décisions qui ont mené au raciste sommet mondial “contre le racisme” à Durban.

Accident de parcours erreur de jugement? Ni l’un ni l’autre: la canadienne Louise Arbour vient de réitérer la prestation - toujours tête couverte - à Téhéran le 3 septembre dernier. Bientôt la burqa?

Madame le Haut commissaire a annoncé que désormais l’ONU aurait une approche “non sélective” des Droits de l’Homme !!! Non sélective ? Hyper sélective, au contraire, puisque seuls seront condamnés ceux qui ne plairont pas aux membres arabo-musulmans et à leurs alliés. Ce qui fait du monde ! Une majorité, même !

Tout vaut mieux que d’en arriver à la guerre, sauf si les conséquences du pacifisme sont pires que la guerre elle-même. Impossible, en effet, de clôturer ce triste bilan sans parler du déviationnisme des ONG.

Droit d'ingérence

Pour Kouchner, ex-French doctor, le droit d’ingérence est au service de la protection du droit des plus faibles.

Nombre de lobbies idéologiques s’abritent aujourd’hui derrière la bannière d’une ONG pour pratiquer un entrisme malfaisant. Il est vrai que le pactole et les subsides qui coulent à flots sans réel contrôle sont une tentation facile. Certaines ONG se permettent de commanditer des reportages idéologiquement orientés dans les grands medias nationaux sans que personne n’y trouve à redire. L’argent n’a pas d’odeur.

Voici donc notre citoyen démocrate : privé (mais pour sa tranquillité) de liberté de parole et bientôt de libre penser, entouré de vidéos de surveillance (mais pour sa sécurité), dépourvu de sièges et de commodités dans les lieux publics “à risque”, tenu d’être respectueux de l’autre, du différent, qui n’est pas assujetti aux mêmes contraintes. Bien que simple invité, il impose sa loi, son mode d’être et de vie, qui devraient être reconnus vérités premières.

Prendre le train à la Gare du Nord à 20h revient à partir sur le sentier de la guerre. Mais jeter son papier de bonbon dans une poubelle en cette même gare est mission impossible car les poubelles ont changé d’usage ces derniers temps

Prendre la parole en classe pour le professeur d’Histoire revient à courir de risque de suspension administrative pour excès de croyance dans le fait historique.

Prendre ses responsabilités et mettre au monde un nouveau né pour un médecin accoucheur homme, revient à courir le risque de finir sur un lit d’hôpital.

Triste constat !

L’espoir aujourd’hui n’est plus dans les dirigeants de ce monde, il l’est encore moins dans ce qu’il est convenu d’appeler les grandes instances internationales, totalement perverties par le pétrole, le trafic, les ventes d’armes et l’argent.

L’espoir et l’avenir reposent aujourd’hui sur les hommes de bonne volonté de toutes obédience, de toutes croyances, de tous partis politiques dont cette salle(*) réunit de dignes représentants

C’est par la vie associative *, la mobilisation civique et individuelle que nous réussirons à faire que pacifisme ne rime plus avec défaitisme.

Pour ma part je suis heureuse de représenter ici Primo-Europe.

Ses membres appartiennent à toutes les sensibilités politiques sauf les extrêmes, à toutes les confessions religieuses, y compris l’athéisme. Cette richesse nous permet d’élargir les points de vue et de relayer l’information avec un éclairage qui tend vers la rigueur et le rééquilibrage. Nous tentons par le discours, l’échange, la réflexion de donner à l’information un visage plus humain, rationnel et objectif. Vaste programme...

Je parle également au nom de PEREC, pour une Ecole Républicaine Et Citoyenne.

Dans les “Territoires perdus de la République”, néologisme que nous devons au tenace et courageux historien Brenner alias Georges Bensoussan, nous avons appris que le combat sur le terrain était ingrat, ardu. Mais les troupes de véritables résistants que sont les membres de Perec ne baissent pas les bras.

Les collègues qui y militent le font souvent au détriment de leur place au CA de l’établissement, au prix de la mise à l’écart, de la solitude et du silence distant en salle des professeurs. L’action se poursuit pour une école libre et une société accueillante, multiple.

Tous ici nous en sommes convaincus. Nous avons besoin de toute urgence de la multiplication sans modération des Hughette Chomsky, Mohamed Sifaoui, Georges Bensoussan, Pierre Cassen et j’en passe. Être parmi vous nous permet de respirer plus haut, plus pur. Et pour cela, je vous remercie.

© Josiane Sberro, vice présidente de Primo Europe

* Primo aura l'occasion, dans les prochaines semaines, de revenir sur cette grande loi de liberté qu'est la loi de 1901.

Auteur : Josiane Sberro
Date d'enregistrement : 22-09-2007

Publié dans TERRORISME

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