IGNORER L'ECHEC DE GAZA

Publié le par shlomo

Caroline Glick
JERUSALEM POST
Adaptation française de Sentinelle 5768 ©

Lundi marquera le troisième anniversaire de l’expulsion force des Juifs de Gaza et du Nord de la Samarie de leurs foyers. Ces expulsions ont été suivies quelques semaines plus tard par le retrait des soldats de Tsahal de la bande de Gaza. Contrairement à la décision du gouvernement Rabin-Pérès de s’embarquer dans le processus de paix d’Oslo en 1993, le retrait de Gaza sous la gouverne d’Ariel Sharon n’a pas pris des années pour être discrédité. Il n’a fallu que quelques instants.

Alors que le dernier soldat de Tsahal quittait Gaza, les Palestiniens ont commencé à mettre le feu aux synagogues qu’Israël avait abandonnées. Quelques minutes après le retrait de la frontière de Gaza avec l’Egypte, les Palestiniens ont fait sauter le mur de la frontière. Ils ont aussitôt commencé à transférer des quantités sans précédent d’armement lourd à Gaza - pratique qui se poursuit jusqu’à ce jour.

Une autre distinction importante entre la politique d’Oslo et la politique de retrait est qu’au moins celle d’Oslo demandait aux Palestiniens de donner à Israël quelque chose en échange du territoire, de l’argent, des armes et de la légitimité politique qu’Israël leur distribuait à profusion. Comme les évènements allaient le montrer, les Israéliens demandèrent trop peu aux Palestiniens. Mais aux moins leur demandèrent-ils quelque chose. Avec la politique de retrait au contraire, ils n’exigèrent rien des Palestiniens. Ce fut simplement une cession de terre inconditionnelle. En conséquence, le Hamas, le groupe terroriste qui s’était lui-même distingué du Fatah en refusant même de prétendre à la paix, fut le principal bénéficiaire de la retraite d’Israël.

Les premiers signes annonciateurs de l’ascension du Hamas au pouvoir sont survenus le jour suivant la fin du retrait d’Israël. Des dizaines de milliers de terroristes armés du Hamas, habillés d’uniformes neufs de belle allure, défilèrent au pas de l’oie à travers les rues de Gaza pour leur parade de victoire. La parade du gouvernement du Fatah, alors aux commandes, fut minable et avec une faible assistance en comparaison.

La pompe du Hamas fut suivie pas la victoire électorale décisive du groupe jihadiste sur le Fatah en janvier 2006. Cela conduisit à un nouvel affaiblissement du Fatah en mars 2007 avec la signature de l’accord de la Mecque qui ramenait le Fatah au rang d’un membre mineur de la coalition dirigée par le Hamas. L’accord de la Mecque signalait aussi un glissement dans les sympathies du monde arabe du Fatah vers le Hamas. Cet accord ouvrit alors la voie à l’expulsion violente de Gaza des forces du Fatah par le Hamas en juin 2007, et son défi croissant à la direction politique du Fatah en Judée et en Samarie.

Il faut souligner que la victoire du Hamas sur le Fatah n’était pas une victoire des extrémistes sur des modérés dans le véritable sens des termes. Aussi bien le Hamas et le Fatah partagent le même objectif de détruire Israël. Cela a été démontré clairement avant la conférence d’Annapolis en Novembre dernier. Alors que la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice annonçait la venue de la paix, le chef du Fatah Mahmoud Abbas refusa de reconnaître le droit à l’existence d’Israël.

De plus, il y a peu de différences entre l’adhésion des deux groupes au terrorisme comme moyen de parvenir à leur but de détruire Israël. Les forces du Fatah ont effectué plus d’attaques contre Israël que le Hamas.

Le refus du Hamas de prétendre seulement vouloir vivre en paix avec Israël est ce qui le distingue du Fatah. Et l’adhésion des Palestiniens au Hamas après le retrait d’Israël de Gaza a bien montré que le retrait a augmenté chez les Palestiniens la popularité de la perspective d’une guerre continue contre Israël.

L’ascension du Hamas au pouvoir a modifié la nature du conflit palestinien avec Israël d’une manière fondamentale. Ce n’est pas seulement que le Hamas ait abandonné la rhétorique du nationalisme arabe pour le jihad islamique et ait ainsi changé la nature de la guerre palestinienne, d’un combat limité vers une guerre sans limites pour la domination islamique.

A l’opposé du Fatah, soutenu par différents pays islamiques à la fois, le Hamas est un vassal totalement dans les mains de l’Iran. Par conséquent Gaza, comme le Liban, est devenu une colonie iranienne. Et comme l’étoile du Hamas s’élève en Judée, en Samarie à Jérusalem, et au sein de la communauté arabe israélienne, l’influence de l’Iran sur les évènements dans ces zones augmente. Cela a été démontré cette semaine avec la révélation que Khaled Kashkoush, originaire de Kalansuwa, a été le dernier Arabe israélien arrêté le mois dernier pour espionnage au profit du hezbollah.

Suivant l’échec évident et absolu du retrait de Gaza, ce qui est le plus affligeant dans cette initiative est que trois ans après, la société israélienne s’est arrangée pour ne pas discuter pourquoi elle a échoué, ou pour tirer les leçons issues de cet échec. Il n’y a pas eu d’invitation à la réflexion des chefs politiques impliqués. Aucune tête n’a roulé. Il n’y a pas eu d’enquête officielle sur la façon dont les décisions concernant le retrait ont été prises. De fait, nombre de décideurs du plan directeur ont prospéré.

Le premier ministre Ehud Olmert a succédé au pouvoir à Ariel Sharon en grande partie du fait de son soutien au plan. La ministre des affaires étrangères Tzipi Livni a construit toute sa carrière politique sur son rôle comme l’une des architectes de l’expulsion des civils israéliens de leurs foyers. Et aujourd’hui elle fait la course en tête pour succéder à Olmert comme chef du Parti Kadima, et le remplacer comme premier ministre jusqu’à la tenue des prochaines élections. Son principal opposant, le ministre des transports Shaul Mofaz, était ministre de la défense pendant l’opération, et un participant actif à l’exécution de cette initiative mal conçue.

A l’opposé, ceux qui se sont opposé au retrait demeurent dans l’opposition. On ne leur reconnaît jamais leur tentative d’écarter le pays de cette évolution désastreuse. En effet, ils continuent d’être fustigés comme des extrémistes parce qu’ils se sont opposés à fonder les stratégies nationales d’Israël sur la capitulation et la croyance en la volonté d’un autre peuple de nous défendre.

Il y a trois raisons principales expliquant qu’il n’y ait jamais eu de bilan de l’échec du retrait de Gaza. La première raison est la chance. Sharon a « eu de la chance ». Il a été frappé d’une attaque vasculaire cérébrale débilitante, et a plongé dans le coma avant que les dimensions de sa stratégie politique la plus significative ne soient largement comprises.

Depuis que Sharon a mis en avant le plan de retrait contre les vœux de ses collègues de gouvernement, de ses électeurs et de son parti, en transformant le plan en un concours de popularité qui l’a mesuré à ses opposants, quand il fut parti, il n’y avait plus moyen de lui demander des comptes. Et son handicap lui-même rendit la discussion de l’échec du retrait quelque peu inconvenante. Après tout, disait-on, le pauvre homme ne peut plus se défendre lui-même, comment osez-vous ajouter l’insulte à la blessure, en remarquant que son action la plus significative au pouvoir a mis le pays en péril ? De cette façon, non seulement Sharon, mais tous ses supports au gouvernement étaient immunisés contre la critique, et le besoin de rendre compte de leur imbécilité stratégique.

Israël se présente dans une même situation aujourd’hui avec Olmert. Comme Sharon, Olmert n’a pas eu à se confronter aux électeurs pour rendre compte de ses échecs dans la Seconde Guerre du Liban ; ni de son refus d’agir contre le régime du Hamas soutenu par l’Iran à gaza ; ni de sa volonté apparente d’étendre ces échecs en cherchant à se retirer de Judée, de Samarie, de Jérusalem et des Hauteurs du Golan, permettant ainsi aux vassaux iraniens d’encercler Israël de tous les côtés.

Aujourd’hui, en annonçant qu’il quittera son poste non pas à cause de son incompétence consommée, mais parce qu’il est suspecté d’activités coupables, Olmert a retiré les motifs substantiels de son échec à son poste de l’ordre du jour national. Ce faisant, il a conforté l’immunité à ses cohortes, en particulier Livni et son ministre de la défense Ehud Barak, contre le besoin de rendre compte de leur permanente imbécilité stratégique.

C’est l’incompétence en série du gouvernement Olmert-Livni-Barak qui sert ironiquement de seconde raison à l’absence de bilan sur l’échec du plan de retrait de Gaza. Très simplement, le gouvernement est allé d’échec en échec si rapidement, qu’il n’y a pas eu d’opportunité pour confronter les conséquences du dernier échec avant que le suivant ne sorte du magasin de revers de la politique du gouvernement.

Le plus récent exemple de cette maladresse à haute vitesse est l’inclinaison du gouvernement à relâcher des terroristes de prison. Le public a à peine eu le temps de digérer la stupidité colossale et le danger inhérent de l’échange initié par le gouvernement, de terroristes contre des otages morts avec le hezbollah le mois dernier. Aucune réflexion sérieuse sur cette politique - qui a suffisamment augmenté la popularité du hezbollah pour obliger le gouvernement libanais à accepter formellement son droit d’attaquer Israël à volonté - n’a été menée. Et déjà mercredi, tout frais sorti de cet échec, Olmert a annoncé son intention de l’étendre en relâchant 150 autres terroristes de prison à la fin du mois.

La raison finale de l’échec du retrait de Gaza n’a conduit à aucun changement, soit dans le discours destiné au public, soit dans la teneur générale et l’orientation politique du gouvernement sur l’impact débilitant que le retrait a eu sur la démocratie israélienne. Pour bâtir le soutien du public dans sa décision inhumaine et stratégiquement irrémédiable d’expulser 10.000 Juifs de leurs foyers en détruisant leurs communautés à Gaza et en Samarie, en échange de rien, Sharon et ses collègues ont travaillé systématiquement à démoraliser, à délégitimer ses électeurs, et à criminaliser leurs opposants politiques.

Il les a criminalisés en les fustigeant comme des criminels, des extrémistes et des ennemis du peuple en général. Il les a délégitimés en ignorant les résultats du referendum sur son plan qu’il avait lui-même initié au Likoud.

Dans toutes ses activités, Sharon a reçu l’assistance cruciale du système du maintien de l’ordre et des media, eux-mêmes corrompus par son plan. Comme le commentateur militaire de Gauche du quotidien ‘Haaretz’ Amir Oren l’a noté cinq mois après l’exécution du plan, Sharon a reçu carte blanche des élites d’Israël du fait de leur « haine commune des pionniers (1) ».

Pour permettre de réaliser les expulsions qu’ils désiraient tant , le Parquet général de l’Etat, soutenu par la Cour Suprême, avait la volonté de clore les enquêtes sur la corruption de Sharon. Comme le juge à la cour Suprême Michel Cheshin l’expliqua : « Si Sharon avait été mis en jugement, il n’y aurait pas eu de désengagement ».

Plus flagrant encore, alors que les protestations publiques contre le retrait gagnaient en vigueur, le système de maintien de l’ordre devint un outil de répression politique, et les media firent l’apologie de cette répression. La police mena des arrestations massives contre des manifestants se pliant à la loi, utilisa la force brutale contre eux, et suspendit les droits civils des opposants au plan. Le Parquet général et les Cours de justice envoyèrent des milliers de protestataires en prison - y compris de enfants - pendant des semaines voire des mois, sans même instruire de charges contre eux.

Et puis aussi, la personnalisation par Sharon du retrait a distordu le discours destiné au public en le déplaçant de discussions sur le fond des stratégies politiques du gouvernement vers des discussions superficielles sur les personnes. Et cette transformation est toujours en cours à ce jour. Ce fut tout récemment démontré dans la manière de restituer le débat sur l’échange de terroristes contre des otages morts, comme un combat personnel des familles Goldwasser et Regev contre le gouvernement.

La répression réussie et la critique sévère de ses adversaires par Sharon, et la répétition réussie par Olmert du comportement de Sharon dans la répression brutale des manifestants à Amona en février 2006, son attitude méprisante à l’égard du mouvement de protestation à la suite de la Seconde Guerre du Liban, ont imprégné le public dans son ensemble d’un sentiment d’impuissance. Ce sentiment s’est manifesté lui-même par un taux de participation historiquement bas aux élections de 2006.

L’échec prolongé d’Israël à évaluer le résultat désastreux du retrait de Gaza est de mauvais augure pour les perspectives du pays. Jusqu’à ce que le pays mesure les fautes qui ont conduit à ce retrait, et oblige ceux qui en étaient responsables de rendre compte de leurs défaillances, nous serons condamnés à répéter ces fautes avec ces mêmes incompétents qui nous dirigent encore et encore et encore.


Note du traducteur

(1) Certains traduisent « settler » par ‘colon’. ‘Pionnier’ me paraît plus approprié pour une terre que l’on défriche.


http://www.jpost.com /servlet/Satellite ?cid=1218104245057&pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull


Publié dans ISRAEL

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