JERUSALEM EN CHIFFRES

Publié le par shlomo


Par Guillaume Borrione
pour Guysen International News


 
À l’heure des élections municipales, Jérusalem montre un visage contrasté, à l’image de sa population qui conjugue richesse insolente et extrême pauvreté. La capitale éternelle de l’Etat juif a été classée dernière dans une étude du « Marker and Ha’ir » réalisée sur les quinze plus grandes villes du pays et comptabilisant la qualité de vie. Les problèmes sont nombreux : pauvreté largement répandue, manque d’éducation, faible population active, augmentation de du poids des ultra-orthodoxes et des prix de l’immobilier ce qui entraine la fuite des Juifs laïcs et de la jeunesse. Toutefois la ville offre un certain dynamisme et jouit d’une bonne image de marque grâce à bon nombre de ses institutions et à sa gestion de l’urbanisme.

La plus grande menace pour les populations pauvres ou à faibles revenus de Jérusalem reste l’augmentation des prix de l’immobilier.
Les prix des appartements entre 2006 et 2008 auraient connu une augmentation de 72%, contrairement à une moyenne de 42,7% sur l’ensemble des villes observées par l’étude.

Les prix des loyers vont de pair, ils ont augmenté de 74%. Cette augmentation fulgurante des prix est due à l’acquisition toujours plus importante de biens immobiliers au centre et à la périphérie de la ville par des étrangers.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre. La commission économique de la Knesset a indiqué dans un rapport récent que 30 000 personnes ont quitté la ville durant ces six dernières années.
Les plus touchés sont les jeunes, et en particulier les jeunes couples. En 2007 il y avait 4 000 nouveaux arrivant pour 6 400 émigrants.

Une autre tendance s’affirme, ou plutôt se confirme, à Jérusalem. C’est l’expansion de familles ultra-orthodoxes dans des zones traditionnellement séculières, ce qui engendre parfois des conflits entre les deux groupes de population.

Les laïcs se plaignant notamment du manque d’infrastructures non religieuses aux dépends des écoles orthodoxes qui se multiplient en raison d’une demande toujours plus importante.

Les problèmes économiques ne sont pas non plus en reste. Jérusalem jouit des plus mauvaises statistiques selon l’échelle socio-économique du Bureau Central des Statistiques.
Le salaire moyen par exemple est de 5647 shekels dans la capitale, comparé à 6653 shekels pour la moyenne de toutes les autres villes. Le salaire moyen de la capitale régresse même de 0,3% chaque année.

La population active n’était que de 44,7% en 2007. La moyenne nationale est de 56,3% à titre de comparaison. Certains changements se font toutefois sentir.
De plus en plus d’ultra-orthodoxes, en particulier des femmes, prennent des cours destinés à l’insertion professionnelle et entrent sur le marché du travail.

La population arabe dénonce pour sa part un délabrement des services municipaux, réduits au strict minimum, des problèmes liés à l’eau, aux égouts et à l’infrastructure routière, et d’une manque de plan d’urbanisation cohérent.

L’éducation est un enjeu majeur pour la ville.
Le niveau d’éducation secondaire est le plus bas des 15 villes soumises à l’enquête. Seulement 35,6% des lycéens ont été diplômés de l’enseignement secondaire entre 2003 et 2006, bien en dessous de la moyenne de l’enquête qui s’établie à 60%, elle-même en dessous de la moyenne nationale à 67%.
Cela s’explique notamment par le fait que de nombreux habitants de la capitale sont inscrits dans des lycées arabes ou des lycées ultra-orthodoxes privés ne sollicitant pas de diplômes nationaux.

Toutefois Jérusalem possède des établissements de prestige. L’Université Hébraïque, la Bezalel Academy of Art and Design et le Sam Spiegel Film and Television School sont des établissements d’excellence en matière d’éducation supérieure. L’Université hébraïque, par exemple, a été récemment classée 65e meilleure université du monde.

La ville tente également d’attirer des étudiants afin d’enrayer la fuite des cerveaux. Le centre ville a été redynamisé, avec des subventions allant jusqu’à 5000 shekels pour certains étudiants afin qu’ils puissent y vivre. Un autre projet, lancé par l’Université Hébraïque, vise à construire un complexe universitaire pour accueillir les étudiants.

Jérusalem est également la ville qui dépense le plus en infrastructures avec 758 shekels par habitant entre 2004 et 2006, contre une moyenne de 601 shekels pour la globalité des autres villes soumises à l’étude.
La capitale est aussi dotée d’impressionnants quartiers centrés sur le shopping et le divertissement, tel que le marché Mahane Yehuda ou les allées de Mamila. Il y a aussi le complexe sportif de Malha, achevé après quatre ans de retard et d’incertitudes…

Néanmoins, malgré cette modernisation constante des infrastructures, beaucoup de vieux immeubles sont sévèrement délaissés et des habitations historiques sont démolies ou vendues aux enchères.
Le projet de construction du tramway a pris quant à lui un retard considérable. Il aurait dû être terminé en 2006. On annonce aujourd’hui que les premiers trains ne seront sur les rails qu’à moitié 2010.
Enfin l’absence de parkings gratuits n’aide en rien à la décongestion de la circulation urbaine.

La municipalité est par ailleurs confrontée à de sérieux problèmes de trésorerie. Malgré des revenus chiffrés à 3 milliards de shekels en 2006, le déficit public ne cesse de s’alourdir, atteignant cette année 414,4 millions de shekels.

La dette publique est quant à elle estimée à 1,1 milliards de shekels. La municipalité a alloué 7,6% de son budget à son remboursement. La ville dépense 3 642 shekels par habitant chaque année, le score le plus bas des 15 autres villes soumises à l’étude dont la moyenne globale est de 4 761 shekels.

Enfin, parmi les nombreux autres problèmes auxquels devra s’atteler le futur maire de la capitale, la pollution, de l’air, ou due à la saleté et au stockage d’ordures dans les rues.
Le recyclage des déchets n’est que de 4% à Jérusalem, contrairement à 13% pour les quinze autres villes. Jérusalem est quand même classée 6e dans cette étude en ce qui concerne la qualité de l’environnement. La capitale peut remercier la qualité de son eau.
Les tests effectués n’ont montré aucune anomalie.

Publié dans ISRAEL

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